Classement 2024
74/ 180
Score : 60,52
Indicateur politique
62
55.46
Indicateur économique
52
52.92
Indicateur législatif
52
71.41
Indicateur social
90
61.43
Indicateur sécuritaire
109
61.41
Classement 2023
95/ 180
Score : 57,89
Indicateur politique
72
58.44
Indicateur économique
106
44.61
Indicateur législatif
76
66.27
Indicateur social
95
61.08
Indicateur sécuritaire
106
59.04

Après une décennie d'événements violents menés par les communistes maoïstes qui ont mis fin à 240 ans de monarchie, l’avènement de la République démocratique fédérale du Népal, en 2008, a marqué une nouvelle étape pour la liberté de la presse dans cette enclave himalayenne de 30 millions d'habitants.

Paysage médiatique

Le paysage médiatique est foisonnant avec plus de 4 800 publications, 1 186 radios, 243 chaînes de télévision et plus de 4 000 portails d’information en ligne. Le gouvernement du Népal est l’un des plus gros propriétaires de médias. Il exerce un contrôle direct en nommant les membres des directions des rédactions, comme c’est le cas pour le quotidien en népalais Gorkhapatra et le quotidien en anglais Rising Nepal, fondé en 1901. Les deux radiodiffuseurs nationaux Radio Nepal et Nepal Television sont toujours détenus par le gouvernement. L'agence de presse nationale, Rashtriya Samachar Samiti, est la seule à diffuser les informations du gouvernement. Le principal acteur du secteur privé est le Kantipur Media Group (KMG), un conglomérat dont les activités vont bien au-delà de la sphère médiatique. Sa position dominante est contestée en ligne avec le développement de sites d’information innovants comme onlinekhabar.comratopati.com ou setopati.com.

Contexte politique

Depuis l’avènement de la République, le climat politique dans lequel évoluent les journalistes s’est progressivement adouci – du moins en apparence, car la société népalaise reste extrêmement politisée, et chaque parti politique majeur trouve un relais à travers un syndicat ou une organisation de journalistes. Même la Fédération des journalistes népalais (FNJ) bénéficie d'un soutien budgétaire important de la part du Trésor public. Il en ressort naturellement des conflits d’intérêt, d’autant plus forts dans les médias locaux, où rédacteurs et propriétaires sont souvent eux-mêmes militants d’un parti. Des dirigeants politiques et des personnes occupant des postes à responsabilité au sein du gouvernement ont à plusieurs reprises porté diverses accusations contre la presse, avec des arguments non fondés, afin de discréditer la profession.

Cadre légal

La République démocratique fédérale du Népal est l’un des rares pays au monde à proclamer une “totale liberté de la presse” dès le préambule de sa Constitution. Cette disposition se décline en plusieurs garanties fondamentales, notamment la liberté d’opinion et d’expression, le droit à l'information et le droit à la vie privée. Des chantiers juridiques sont encore à mener, notamment sur la création d’un conseil de la presse indépendant du gouvernement ou sur l'autonomisation éditoriale des médias de service public. À l’inverse, plusieurs dispositions du Code pénal adopté en août 2018 entravent le journalisme d'investigation et restreignent la critique de personnalités publiques. Certaines provinces, comme celles de Bagmati ou de Madhesh, sont en pointe sur les questions de protection des journalistes. 

Contexte économique

Les organes de presse sont tenus de rémunérer leurs journalistes à un salaire minimum fixé selon les termes de la loi sur l’emploi des journalistes, ce qui est rarement le cas dans les faits. Cette précarité des professionnels des médias, qui grève leur indépendance et le respect de la déontologie, les pousse à quitter la profession. Les dessous-de-table en échange d'une couverture journalistique favorable et la dissimulation d'informations qui déplaisent sont monnaie courante. Les autorités publiques assurent une partie de la viabilité financière des médias avec des contrats d’annonces légales, mais ce système tend, là aussi, à favoriser des biais éditoriaux, puisque le gouvernement privilégie les médias plutôt favorables à sa ligne. L'indépendance éditoriale est fortement compromise et l'autocensure est courante, essentiellement en raison des intérêts financiers. 

Contexte socioculturel

Depuis la fin de la guerre civile en 2006, la liberté de la presse au Népal bénéficie d’un substrat socio-culturel traditionnellement favorable au débat. Certains segments de la société sont toutefois clairement sous-représentés, et la profession peine à refléter la diversité sociale. Seuls 25 % des journalistes népalais sont des femmes. De même, la profession reste hors de portée des franges les plus défavorisées de la société, une tendance renforcée par la persistance de vieux schémas de castes issus de la tradition hindouiste, qui se traduit par un accès limité aux médias et à l'éducation aux médias. Ces phénomènes se déclinent dans les contenus proposés par les grands médias du pays, qui tendent à négliger les questions liées aux populations marginalisées, notamment dans les zones rurales et/ou reculées.  

Sécurité

Les activités des forces de sécurité et des criminels locaux restent des sujets tabous pour les journalistes. Des mécanismes de protection existent, soutenus notamment par le Conseil de la presse et la Commission nationale des droits humains. Ils sont toutefois peu à même d’offrir des solutions d’urgence pour les professionnels des médias en danger. Les cas de surveillance, de menaces et d’intimidations sont légion, ce qui poussent beaucoup de journalistes à l'autocensure. Des pressions plus insidieuses peuvent aussi convaincre certains reporters de ne pas aborder des questions sensibles, notamment par peur d’être discrédités.